Friday, December 09, 2005

Chapitre 22 - Le Charnier

La femme entendit la clé tourner dans la porte d’entrée. Surprise, elle regarda l’horloge de la cuisine : il était bien dix heures du matin et normalement, son mari ne rentrait qu’à midi. Pourtant, c’était bien lui qui se tenait devant la porte d’entrée, le trousseau de clé entre les mains. D’une voix un brin paniquée, il lança : «Chérie, vite, donne-moi ma cravate, je l’ai encore oubliée ce matin, et on vient de recevoir un coup de fil de Limoges : des pontes du Bunker Palace débarquent dans 20 minutes avec au minimum deux Compols. Et comme ils ne plaisantent plus avec la discipline depuis le changement de régime... ». Son épouse sortit de sa chambre avec l’ornement vestimentaire noir. « Mais ils vont vous envoyer où comme ça ? C’est risqué ? » Tout en nouant sa cravate, le milicien haussa les épaules : « Qu’est-ce que j’en sais moi ? Je ne suis qu’un milicien. Le chef de manipule ne sait rien, le décurion pas plus, le centurion nous a juste dit qu’on allait avoir de la visite des Compols. Bon sang que je n’aime pas ça... Ils me fichent la trouille ces gars-là. J’ai beau porter la réplique exacte de l’uniforme de la Milice, eux c’est carrément la tenue de la Gestapo... Ils sont capables de me coller un rapport pour une cravate ou des chaussures mal cirées. Ils sont jugulaires-jugulaires... »

Les deux véhicules de police de couleur noire et au moteur gonflé s’arrêtèrent devant le casernement de la Milice de Haute-Vienne, ayant remplacé dans la nomenclature policière ce qui fut jadis les CRS et absorbant de surcroît une part importante des prérogatives de la Gendarmerie Nationale, réduite quasiment à une simple police militaire à l’exception de ses unités d’élite incorporées dans la Garde Noire. Le centurion hurla : « Présentez armes ! ». Dans un mouvement d’ensemble parfait, les miliciens se mirent au garde-à-vous, le FAMAS sur le torse. Deux commissaires politiques en gabardine noire et un peloton de la Garde Noire en uniforme de la même couleur entrèrent en saluant : « Ave Imperator ! » Le centurion leur rendit leur salut. « Miliciens, le devoir vous appelle. Toutes les unités du Limousin sont mobilisées, ainsi que les gamines de la Milice Auxiliaire. Vous connaîtrez votre objectif en temps voulu. La mission se divise en deux parties, la première un simple convoyage. Maintenant, tous aux camions ! ». Les anciens camions de CRS blancs repeints en bleu marine sortirent des dépôts et commencèrent à rouler dans les rues de Limoges, flanqués des voitures des Compols sirènes hurlantes. Sortant de la rocade de la capitale du Limousin, ils bifurquèrent sur la RN 141. Labeyrie, chauffeur milicien, regardait l’aiguille de son transport de troupes bloquée sur 125 km/h, les villes étaient traversées à toute allure sans trop savoir où on allait. Puis, la voiture de tête mit son clignotant au croisement d’une route secondaire indiquant : D 101 ORADOUR-SUR-GLANE, 10,5. « On va à Oradour j’ai bien l’impression ! », commenta le chauffeur. « Et m... » murmura un milicien, « je ne sais pas l’accueil qu’on va nous faire là-bas avec nos uniformes ! ». Mais les camions n’entrèrent pas dans la ville nouvelle et se dirigèrent vers les ruines de l’ancien village symbolisant la tragédie du 10 juin 1944. L’objectif était le musée qui avait été totalement refait, plus conforme à la réalité historique. Un immense panneau annonçait : « 10 JUIN 1944, LES ACTIONS CRIMINELLES DES TERRORISTES COMMUNISTES CONJUGUEES A L’INCOMPETENCE D’UN OFFICIER SS PROVOQUERENT LA MORT TRAGIQUE ET ACCIDENTELLE DE CENTAINES DE FEMMES ET D’ENFANTS DANS L’EGLISE DU VILLAGE. PASSANT, SOUVIENS-TOI ! ! ! ». Les Miliciens restèrent dans les camions, regardant les ruines. Même si la vérité avait été rétablie, cela n’enlevait en rien le côté impressionnant du lieu. Le centurion se tourna vers ses hommes : « Messieurs là plupart d’entre-vous êtes mariés, pères de famille... Imaginez que dans cette église, cela aurait très bien pu être votre femme et vos gosses. Pensez que rien de ceci ne se serait passé si ce pauvre con de Dieckman avait fait fouiller l’église avant d’y mettre les civils, trop pressé de libérer son ami Kämpfe qui de toute façon était déjà mort, et si ces salauds de rouges n’avaient pas transformé l’église en dépôt de munitions et commis les pires horreurs dans le coin. Miliciens, méditez là-dessus : en temps de guerre, la bêtise se paie, et avec des intérêts usuraires. Nous sommes en guerre messieurs. Alors pour qu’il n’y ait plus jamais d’Oradour, commencez par garder votre sang-froid et appliquer les consignes du manuel jusqu’à la dernière virgule ». Pendant ce temps, les Compols étaient descendus de leur voiture et s’étaient rendus dans le musée, directement au bureau de la direction. Deux hommes en civil les attendaient, les présentations furent brèves : « Monsieur Bourdelle, université de Clermont-Ferrand, titulaire de la chaire d’Histoire contemporaine ; Monsieur Reynaud, directeur du service de Recherches Historiques... Le village a été localisé. Le Bunker Palace nous a mis des hommes à disposition? » Le Compol hocha la tête : « L’Imperator tient beaucoup à la réussite de vos recherches et à la médiatisation de celle-ci. Vous avez tout ce que l’on a de disponible, vous avez la collaboration pleine et entière de la Milice, du Commissariat Politique et de la Jeunesse Impériale. Nous nous plaçons sous vos ordres ». Le convoi repartit et regagna rapidement la RN 141.
La sirène retentit dans la salle de classe. La prof de latin cessa immédiatement son cours et lança à ses jeunes élèves de seconde : « Dieu vous garde mesdemoiselles... ». Les jeunes filles se précipitèrent hors de la classe et, avec célérité mais ordre, coururent vers le vestiaire. Les mains fines et blanches ouvrirent en hâte les cadenas, sortant les sacs de sports, tous aussi anonymes qu’identiques, et les demoiselles s’engouffrèrent dans les cabines. Avec l’efficacité de l’habitude, Marie-Liesse Vedy de Grammont enleva ses mocassins noirs, sa jupe bleue marine et son chemisier blanc de lycéenne catégorie 1. Par dessus sa combinaison, elle enfila la chemisette bleue ciel des Guides du Parti et son épaisse jupe scoute de toile bleue. Elle enfila sa paire de chaussettes blanches réglementaires, montant aux genoux et ses chaussures de marche, puis coiffa son béret. Elle vérifia que ses insignes de cheftaine-adjointe étaient bien accrochés à sa chemisette, puis sortit de la cabine avec le fanion de l’unité : PATROUILLE FRANCOISE ARMAGNAC, LIMOUSIN I/1. Elle repositionna correctement son béret de façon que le gamma en bronze et l’inscription « GUIDES TRADILANDAISES - MILICE NATIONALE » soit bien visible et que nul n’ait à ignorer qu’elle et ses amies étaient assermentées. Dans les deux minibus, les jeunes filles chantaient le dernier succès en matière de RIF: « A l’assaut pour la patrie », en passe de devenir un hit national. Sur une aire d’autoroute de l’A-20, les deux bus furent rejoints par d’autres bus pleins de Guides. Sur leur manche, les armoiries provinciales et les unités : LIMOUSIN II/1, AUVERGNE III/1, MARCHE 1/1 et même, à la surprise générale, POITOU IV/3. Un deuxième arrêt sur le bord de la RN 141 et l’on distribua des carabines chargées à balles réelles aux adolescentes. L’ambiance joyeuse de la première partie du voyage se fit d’un coup plus pesante. Les mignons petits minois se contentaient maintenant de regarder défiler le paysage et les panneaux d’indication. La nationale se fit départementale, les panneaux se firent de plus en plus précis, jusqu’à un croisement où on vit « D 2 SAINT-SYMPHORIEN 3 ». Une jeune élève de Terminale, férue d’histoire locale, murmura: « Je ne serais pas autrement surprise que l’on vienne ici pour des choses qui remontent à la dernière guerre. Il y a eu des dizaines de personnes qui ont été massacrées par les terroristes communistes dans la région. On n’est pas loin d’Oradour en plus... » Une fois dans le village, les bus se placèrent aux différentes issues et immédiatement, des barrages furent mis en place, gardés par les demoiselles. L’air déterminé, six jeunes Guides carabines en bandoulière entrèrent dans la mairie et se mirent en « protection » à l’entrée, au standard et dans le bureau du maire. Standard qui venait justement de recevoir un appel téléphonique. : « Mairie de Saint-Symphorien j’écoute... » A l’autre bout du fil, elle reconnut la voix de son ami d’enfance, Jeannot Dubois, présentement policier municipal.. « Dis-donc Sonia, c’est quoi tout ce bazar ? Il y a des miliciens dans tous les coins, sans délirer, on se croirait en 1943 !!! Il n’y avait rien quand je suis allé faire de l’essence tout à l’heure ». La voix bizarre, la secrétaire lui répondit : « Ramenez immédiatement le véhicule au garage et ne vous occupez pas des affaires de la Milice. La Milice veille sur Saint-Symphorien, rentrez au dépôt. Terminé ». Sonia raccrocha et lança un sourire gêné à la gamine qui était assise sur le coin de son bureau, carabine sur l’épaule... Les quatre autres policiers municipaux et la police nationale furent désarmés et consignés dans leur poste.
A 12 heures précises, le convoi de Limoges investit le village. Au bar-tabac de la Grand Place, appelé avec une originalité démentielle « Le Saint-Symphorien », le comptoir était occupé par les habitués, servis par Fernande, l’accorte et un tantinet vulgaire patronne. La plupart des clients étaient des retraités de l’agriculture, sans oublier le Jean-François (appelé Jean-Françouais avec l’accent du coin), le poivrot du village. La vie suivait son cours, même avec les nouveaux maîtres. On y buvait toujours le petit canon de rouge en commentant l’actualité, mais bien évidemment, les journaux avaient changé. Un paysan, chemise à carreaux, casquette et pantalon de velours usé par les travaux de ferme regarda les miliciens descendre du camion : « Regarde donc ça Fernande, il y a des miliciens partout.. Ils ont mis le paquet. Boudiou, ils ont même mobilisé les gamines de la JI. Sur qu’ils cherchent quelqu’un. » La patronne rinça un verre et le rangea : « En tout cas, c’est pas moi. Moi, ma devise c’est chacun chez soi, je ne mets pas mon nez dans leurs oignons, eux font pareil ». Un petit homme sec, au costume étriqué et aux petites lunettes rondes s’approcha du comptoir en se frottant les mains : « Comme d’habitude patronne ». La femme ouvrit une bouteille de cognac et en versa un petit verre : « Tenez Maître Merisier ». La porte du bar s’ouvrit, deux miliciens armés, un des deux Compols et deux guides entrèrent dans l’estaminet. Les conversations se turent en un instant. Le Compol s’approcha du petit homme sec : « Maître Gilbert Merisier je suppose ? » Se tournant, clignant ses yeux de myope à travers ses lunettes, la demi-portion répondit : « Bien le bonjour messieurs les miliciens et monsieur le Compol. Maître Merisier, huissier de justice pour vous servir. Puis-je vous offrir un verre ? ». Le Compol refusa : « Jamais pendant le service. Voici mon ordre de réquisition. Veuillez immédiatement vous mettre à la disposition du Commissariat Politique ». Cul sec, l’huissier vida son verre et suivit les miliciens. Le chef de l’opération donna l’ordre aux deux Guides de rester en surveillance jusqu’à la fin de celle-ci. Elles se placèrent près du comptoir, la carabine en bandoulière. Accommodante, la patronne engagea la conversation et plaça d’autorité deux lait-fraise sur le comptoir : « Offerts par la maison. C’est la première fois qu’on voit des demoiselles de catégorie 1 par ici. On est un village tranquille, essentiellement des gens de catégorie 3, on cultive nos terres, on ne fait pas de politique et on est loyaux au régime. Par ici, les paysans ont bien aimé le moratoire des dettes, c’est moi qui vous le dis, et puis la fin des quotas agricoles et plusieurs de nos gamins et de nos jeunes sont entrés spontanément volontaires aux jeunesses paysannes. Je ne vous présente pas aux filles du pays, elles ne sont pas très finaudes par ici, ce n’est pas votre monde ». La plus jeune des Guides répondit : « Mes parents sont éleveurs ». La patronne acquiesça : « Tiens donc, moi je croyais que vous étiez toutes des petites demoiselles de la ville, comme quoi... » A l’autre bout du comptoir, l’ivrogne de service déjà fin saoul et qui n’avait pas osé l’ouvrir devant les Miliciens, crût plus facile de faire son malin devant les Guides. Apostrophant la plus petite des deux, il éructa, puant la vinasse à trois pas : « Eh dis donc la petite nazie là, c’est une « Petit-Bateau » ta culotte ? ». Personne n’eut le temps d’esquisser le moindre geste, que déjà la plus âgée, volant au secours de sa jeune camarade, lui avait éclaté le visage d’un coup de crosse de carabine. A genoux, tenant entre ses mains son visage en sang et son nez cassé, il hurlait : « Je vais la tuer, je vais la tuer cette petite garce ! » La patronne secoua la tête : « Tu l’as cherché celle-là mon pauvre gars. Tu as voulu faire ton beau une fois de trop ! Les petites demoiselles, elles ne font de mal à personne, elles sont bien gentilles, bien polies, et toi tu viens les agresser. Elle t’a pété le nez ? La prochaine fois, tu picoleras moins ! Et fiche-moi le camp d’ici, tu fous du sang partout ! ». A côté d’une affiche annonçant « DIMANCHE 15 HEURES - STADE MUNICIPAL - CHAMPIONNAT DE PROMOTION D’HONNEUR : SAINT-SYMPHORIEN / ORADOUR-SUR-GLANE », les deux Guides placardèrent l’avis suivant : « AVIS ! LES FILLETTES DES PARENTS CATEGORIES III ET IV BENEFICAIRES DES AIDES SOCIALES ONT DROIT DESORMAIS AUX COLONIES DE VACANCES GRATUITES OFFERTES PAR LES LOUVETTES. RENSEIGNEMENT AUX ANTENNES DE LA FRATERNITE NEO-FRANÇAISE ».
En regardant la direction prise par les miliciens, l’un des habitués du bar hocha la tête : « Ils vont chez le vieux Loulou... Il a été maquisard pendant la guerre. S’ils cherchent ce que les vieux murmurent, on va faire la une des journaux demain ». Tout en rangeant la vaisselle, la Fernande grommela : « Eh voilà, on n’a pas fini d’avoir des ennuis ! ! ! Entre les poivrots qui agressent les gamines et les règlements de compte aux règlements de compte, on ne va pas parler de nous en bien ! » Comme le vieux l’avait deviné, c’était bien chez Louis Michalon, ancien combattant FTP de la 5e Région Militaire aux ordres de Georges Guingouin, que se rendait la Milice. Le déploiement des troupes n’avait pour but que d’alerter la population et surtout empêcher la fuite de leur oiseau. Car Louis avait des choses très intéressantes à confier spontanément à la police politique. Des informations vieilles de 1944 qu’il avait été jugé opportun en haut lieu de révéler… Rapidement, une escouade de Milice encercla la maison du dernier survivant du 643e bataillon FTP. Ils ne prirent même pas la peine de frapper à la porte et, en présence de l’huissier venu contrôler que tout se passait dans les règles, le Compol entra dans la pièce principale. Loulou, mal rasé, vieillard perclus de rhumatismes, se leva avec difficulté… « J’vous attendais. Je sais ce que vous voulez. On s’rait en 1944, j’vous aurais troué avec ma Sten. J’suis trop vieux pour ça. Z’allez pouvoir vous venger les milicos… » Le Compol répliqua : « Nous venger ? Non, rendre justice monsieur Michalon. Nous venger sur vous ? (le Compol éclata de rire) mais pour quelle raison. Notre victoire est déjà notre vengeance. Vous n’êtes plus rien Michalon. Hier, les médiats vous présentait comme un héros de la Résistance et aujourd’hui, le village vous regarde comme un criminel terroriste. Et ce ne sera rien à côté de ce que l’on va dire de vous et des vôtres quand on aura déterré ce que l’on cherche. Pas de protocole et de circonvolutions inutiles, Monsieur Michalon. Où est le charnier ? » Le vieillard enfila un vieux manteau élimé. « Suivez-moi, faut aller dans les bois, faudra m’aider à marcher, je ne suis plus bien vaillant maintenant… » Ce fut les mains libres mais entre deux miliciens qu’il fit sa sortie. Il jeta un œil sur la place du village. La Milice et les Guides amenaient la population, y compris les enfants des écoles, et on leur annonça qu’une découverte importante allait être faite dans leur village, que la télé serait là et qu’au nom du devoir de mémoire, ils avaient grand intérêt à être présents quand les camions reviendraient de la forêt…
Après deux heures de marche au pas lent et claudiquant du vieux maquisard, ils arrivèrent à une partie de la forêt des plus sauvages. Une falaise rocheuse d’une trentaine de mètres s’achevait par un terre-plein broussailleux. « C’est en bas. Je ne peux plus descendre. Ils sont enterrés là-dessous. Vous allez être contant : ils y a des hommes, des femmes, des gamins. Moi j’y ai pas trop participé, mais bon, je suppose que je vais écoper pour les autres… Depuis 1944, j’ai vécu dans la peur que les vieux parlent. Mais on avait tellement terrorisé les gens qu’ils se sont tus. Et comme nous les cocos, on a fait la loi ici pendant 50 ans… Bon, je suppose que je dois faire une déposition ? » Le Compol montra les deux universitaires : « Les profs sont là pour enregistrer votre témoignage. Devoir de mémoire, monsieur Michalon, plus jamais ça, enfin, vous voyez ce que je veux dire.. » Les caméras de la télévision tradilandaise filmèrent la descente en rappel des miliciens le long de la paroi. Ils arrachèrent les broussailles et commencèrent à creuser. A environ un mètre de profondeur, les premiers squelettes apparurent. Immédiatement, toutes les chaînes de télévision interrompirent leur programme. Dans toutes les usines, les entreprises, les écoles, les administrations, les lieux publics, les sirènes retentirent trois fois, ce qui signifiait «Arrêt immédiat des activités, tous en salle de réunion, flash spécial du gouvernement ». Le gouvernement, soucieux de savoir les réactions populaires des gens de catégorie 3, sélectionna un panel test : une entreprise, un lycée et un bar situés à des lieux différents du pays. Rien ne fut caché, ni l’exhumation des squelettes, ni les commentaires du médecin légiste, les questions posées à Michalon et les réponse faites par ce dernier… La population de Saint-Symphorien eut d’ailleurs le « privilège » de voir sans chair mais en os les 49 squelettes exhumés du charnier. Certains se mirent à pleurer car parmi les cadavres, il y a avait une grand-mère, un oncle, un cousin…
Le silence régnait dans la classe de 1re du lycée Marcel Pagnol, établissement de catégorie 3. A l’écran, le médecin légiste commentait froidement : « Ce squelette-ci a des os fracturés… Vos explications monsieur Michalon ? ». Le vieux regardait ses souliers : « Lui ? Vu les vêtements, c’est probablement le tailleur. Ils l’ont torturé il me semble, ils ont violé sa femme et sa fille aussi. Moi j’y étais pas, j’étais en faction ». L’historien hocha la tête : « Admettons…Et pourquoi il a été tué ? ». « Parce que… parce qu’il n’était pas communiste. On avait des ordres. Venus directement de l’entourage de De Gaulle : tuer tous ceux qui pouvait faire barrage à la soviétisation de la France, y compris les femmes et les enfants, fallait pas de témoins. J’ai vu des trucs qu’on a fait dans le maquis… je ne veux pas en parler ». « C’est dans votre intérêt de le faire… » Et Louis Michalon parla en direct. Il raconta ce qu’il avait vu, les méthodes de la « Résistance ». Pour la première fois, le peuple entendit parler de la barbarie communiste en France. Les médiats embrayèrent. D’autres charniers furent exhumés, des monuments fleurirent dans le pays en hommage aux victimes de la barbarie gaulliste et communiste. Une loi fut votée immédiatement qualifiant de « crimes contre l’Humanité » les tueries de l’épuration. Trois mois après, Gérard Stefano, professeur d’histoire et marxiste notoire au lycée de Tulle était révoqué sans indemnités par l’Instruction Publique et interdit à vie d’enseignement, condamné à l’indignité nationale pour 10 ans et à 50.000 euros d’amende pour « apologie de crimes contre l’Humanité » : il avait fait les louanges des FTP en cours… Détail amusant : cet enseignant avait été l’un des plus acharnés avant-guerre à faire exclure un professeur de son établissement à cause de son appartenance au FN. La roue tourne. Vae Victis…

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